Isaac Delusion x John Karborn – Rust & Gold


On avait jusqu’alors en tête, lorsqu’il s’agissait de songer, en images, à la pop rêveuse et lascive proposée par Isaac Delusion, les collages, forcément poétiques, de la designeuse Gosia Stolinska, auteure du remarquable artwork d’un premier album éponyme dont le visuel invitait (on devinait une planète, et des espaces aériens), à prendre une certaine forme de hauteur. Rêvasser dans les airs.

Isaac Delusion x Gosia Stolinska – Isaac Delusion (2014)

Dualité

Rêveries et voluptés, toujours, avec le visuel de Rust & Gold, ce nouvel album qui sortira cette fois chez microqlima records. Et si l’on songe toujours à l’éther, si ce n’est à la mer, on doit également songer à la terre, compte tenu du cadre orangé qui occupe une grosse moitié du visuel. Isaac Delusion :

« Ce qui nous a attiré dans ce travail c’est principalement la dualité entre l’aspect brut, chaud et rugueux de la matière qui conserve pourtant une brillance et une certaine finesse. Ce qui concorde parfaitement avec la direction musicale que nous avons voulu donner à cet album. Le fait que l’œuvre puisse potentiellement être interprétée comme une vue sur l’espace ou sur l’extérieur depuis un hublot aux parois d’or et de rouille, résonne et fait parfaitement écho à l’environnement brut dans lequel nous avons créé cet album ; en autarcie dans un studio. Cette petite boîte au fond d’un local représentait pour nous notre sanctuaire où nous avons entreposé tous nos trésors. Depuis notre capsule nous observions la Terre tourner. »

Ce visuel, il est l’oeuvre d’un artiste londonien, John Karborn, repéré par le groupe sur la plateforme Cargo Collective, un groupe qui a vu dans son travail, et dans les travaux issus de la série Glass Abstracts, le complément visuel idéal d’un album qui peinait alors à trouver son illustration décisive.

« John Karborn cherche à construire des œuvres mystérieuses à travers le collage et des processus uniques, en appliquant à la fois des techniques numériques et d’autres techniques artistiques traditionnelles. Des ‘glitch’ analogiques LO-FI créés avec des aimants et des boucles, des portraits peints de femmes à partir de matériaux trouvés, de minuscules peintures sur verre. Il dresse des portraits très humains d’un monde insolite et passionnant, quelque part entre le passé et l’avenir. Pour l’illustration de notre disque, John a peint de minuscules fenêtres abstraites, comme il les appelle, à partir de peinture acrylique et de bouteilles en verre trouvées lors de l’excavation du site des Jeux Olympiques à Londres en 2012. Ces vieilles bouteilles d’alcool, de shampoing, avaient chacune une forme distincte et unique. Il a capturé ces contours géométriques, tout en les déformant afin d’apporter une approche intéressante du défi créatif consistant à construire quelque chose de nouveau et inhabituel. »

L’abstrait & le concret

Abstrait à première vue, le travail de Karborn renferme pourtant, toujours selon le groupe, des éléments infiniment concrets. Isaac Delusion, pour conclure :

« Cette illustration est vierge d’inscriptions, mais tout s’inscrit pourtant sur la couverture de Rust & Gold. C’est à la fois l’enchevêtrement des sentiments et une fenêtre sur l’espace, un hublot, peut-être la courbe d’une planète. Nous ne voulions pas expliciter notre musique en image mais avons souhaité entourer d’un cadre doré quelques perspectives plus profondes. »

Le son

Tendres, enivrées et soignées, les rêveries pop d’Isaac Delusion trouvent avec Rust & Gold un nouveau réceptacle idéal dans lequel poser ces espoirs que l’on formule, juste après avoir digéré les échecs de la vie ordinaire. La rouille et l’or, comme le dit le titre de ce second album, comme une dualité incontournable et essentielle. Assurément, l’un des excellents albums pop de ce nouveau printemps qui intervient.

Isaac Delusion (Site officiel / Facebook / Twitter / Youtube)

John Karborn (Site officiel)

Isaac Delusion, Rust & Gold, 2017, microqlima records, 44 min., pochette par John Karborn