H-Burns x Chevalrex x Brest Brest Brest – Kid We Own The Summer


La peau rosée d’une fille, le rose de son chemisier, et celui du ciel au moment où celui-ci s’apprête à se coucher…Cette subtile résonance des roses, venant illustrer le très beau visuel ornant le nouvel album de H-Burns (Kid We Own The Summer), elle est l’oeuvre du polyvalent Rémy Poncet, graphiste, photographe, mais également musicien (son indie-pop chantée en Français trouve son aboutissement sous le nom de Chevalrex, dont il exécute toute l’identité visuelle), que l’on trouve associé au projet musical de Renaud Brustlein de manière systématique depuis 2011, et depuis le visuel de Stranger (l’album de H-Burns et de Chris Bailey). Une histoire, avant tout, de respect réciproque. Renaud :

« Rémy et moi nous croisions déjà depuis plusieurs années dans des groupes à Valence, et j’aimais son coté 360°, où il avait son groupe, son label, sortait ses propres disques, faisait ses pochettes. On partage cette meme culture du LoFi et de l’Indie rock des années 90, et quand je l’ai contacté c’est pour aller vers cet esprit esthétique un peu Sparklehorse / Pavement. Puis la collaboration ayant été fructueuse, il a depuis fait les 3 albums d’après et une poignée d’EP.) En quelque sorte oui. Rémy, en lançant ses pistes de travail, était arrivé à une première série de propositions en utilisant des images d’un autre photographe dont certaines nous plaisaient. Il a donc cherché à le contacter pour parler des droits, mais en parallèle il voulait mener à bien sa recherche avec ses propres photos. Au final, sa série photo était comme une évidence, et de surcroit beaucoup plus personnelle, il capturait l’intimité dont on s’était parlé, qui est en fil rouge sur le disque, et je voulais qu’on ait avec l’artwork le prolongement visuel de l’intimité qu’on s’est attaché à garder sur le disque. »

Sujet intime

Ainsi, si les précédentes créations de Chevalrex pour H-Burns se basaient toujours sur une oeuvre photographique déjà existante, que l’on adaptait ensuite via un travail graphique (« pour Night Moves par exemple, ce sont des photos existantes des années 40/50 que j’ai retravaillées énormément pour les rendre emblématiques »), celle de Kid We Own The Summer est la première à avoir été conçue de A à Z. Rémy Poncet :

 « Renaud avait le désir pour ce disque d’une pochette plus contemporaine et féminine. Comme les deux précédentes étaient en noir et blanc, on a vite évoqué de la photo en couleurs. À partir de là, on s’est fixé sur l’idée que j’allais essayer de créer le matériau photographique de l’album pendant une sorte de road trip avec ma compagne, qui est également comédienne, et qu’elle pourrait du coup devenir le sujet. On a fait une premiere salve de photos qui n’ont rien donné en Italie. La photo de la cover a finalement été prise à la campagne en Russie, à la nuit tombée. J’avais une vision assez précise de ce qu’on cherchait, il fallait juste guetter le bon moment et le bon cadre. Je pense que la chaleur de cette image réside dans cette recherche-là, cette intimité avec le sujet. Et le disque raconte ce type d’histoires, de quêtes ».

Alors, outre le format photographique, systématisme dans l’oeuvre iconographique de H-Burns, est-il possible de trouver un lien entre cette tombée de la nuit russe illustrant ce nouvel album, et les précédents visuels pensés par Chevalrex ?

« S’il y a un lien, c’est sûrement dû à la présence de personnages, ou en tout cas à l’évocation d’une narration. La série de pochettes pour l’album Off the Map est déclinée autour de silhouettes perdues dans un décor, soit chutant d’un avion, du ciel, soit en plein désert. Les visuels autour de Night moves sont une sorte de suite à Off the Map, avec la disparition complète des personnages, juste des décors que j’ai vidé de leurs présences humaines. Le visuel de l’album est une plage et des palmiers dévastées par une tempête, pour le single, une rue de Los Angeles très lynchienne, complètement déserte et calme en contraste, avec les palmiers qui cadrent l’ensemble. Pour Kid we own the summer, même si on est partis dans une autre direction, on reste dans une narration, c’est d’ailleurs la pochette la plus cinématographique, on a affirmé cette dimension de décor/paysage avec la nuit qui tombe et cette forêt en fond, et puis cette figure féminine de dos qu’on suit et qui nous échappe à la fois. »

Chris Bailey & H.Burns x Chevalrex x Brest Brest Brest – Stranger (2011)

Le son

H-Burns, alias Renaud Brustlein, confectionne depuis 10 ans des albums d’indie-pop-folk (dans le sillon : Springsteen, Dylan, Cohen) conçus de ce côté-ci du monde, mais qui auraient très bien pu l’être ailleurs (aux États-Unis, a priori), discographie exigeante et linéaire dont ce Kid We Own The Summer s’avère être la 6e expédition. Une pop tendre, pleine d’histoires et d’espérances ordinaires, magnifiée ici par quelques instants de grâce  (« I Wasn’t Trying To Be Your Man », « Linger On », « White Tornado »…) au moins aussi beaux que la nuque découverte d’une jolie fille, isolée dans les champs d’un territoire inconnu et lointain.

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H-Burns, Kid We Own The Summer, 2017, Vietnam / Because Music, 38 min., pochette par Chevalrex