Get Well Soon x Friedrich Gauermann – Love


Get Well Soon x Friedrich Gauermann - Love

À leur tour, et comme nombre de faiseurs de pop avant eux – les Beatles bien sûr, Arthur Lee et Bryan MacLean via Love, ou plus récemment le bichon Julien DoréKonstantin Gropper et son projet Get Well Soon se proposent d’examiner, sur leur dernier album, ce concept universel – l’amour donc, rien que ça – que 6 000 années de civilisation n’ont pas encore été suffisantes pour en donner une définition convenable et incontestable.

Love, love, love

Et si le chanteur et compositeur allemand, revenu des préoccupations apocalyptiques qui lui avaient jadis occupé l’esprit (The Scarlet Beast O’Seven Heads, 2012), propose via les onze chansons qui composent ce dernier disque quasiment autant de définitions possibles au terme éternellement débattu – l’amour est alternativement, ici, un tendre labyrinthe (« It’s a tender maze »), un pont aérien (« It’s an airlift »), un bordel (« It’s a mess »), ou un brouillard (« it’s a fog ») – il prend le parti de s’arrêter, sur sa pochette, sur une définition bien plus précise, et pour bien dire inattendue.

Protect me for what he wants

Car c’est bien l’amour maternel / paternel, envisagé comme « l’amour protecteur », que le chanteur germain a choisi de formuler ici, en utilisant pour illustrer son propos un tableau datant du milieu du XIXe siècle et issu de l’œuvre picturale de Friedrich Gauermann (fils d’un prof de musique, diplômé de philo et de littérature et violoncelliste, Konstantin est un garçon cultivé…), un peintre paysagiste autrichien connu pour ses peintures, nombreuses et semblables à celle-ci, de paysages montagneux gorgés d’animaux sauvages. Pour tout dire, l’archétype du paysagisme pictural allemand, comme on le conçoit dans les années 1830.

Friedrich Gauermann - Bears

Ici, sur ce tableau catapulté en dehors de l’oubli et qui doit s’envisager au sein d’une série d’autres pareillement préoccupés par la vie des ours bruns dans les montagnes locales (voir ci-dessus), maman ours (ou papa ours peut-être, compliqué de faire la distinction), protège le repas – un cerf, mort – de bébé ours d’un autre ours brun qui semble avoir envisagé, un temps, de s’octroyer cette proie qui ne lui était pourtant pas destinée à la base. Maman ours grogne, l’autre ours s’en va, et bébé ours peut commencer avec sérénité à se délecter du repas qui lui a été amoureusement préparé. All you need is love.

Le son

Sur les traces de Scott Walker, de Tindersticks ou de Wild Beasts (le prisme est large), Get Well Soon poursuit, sur Love, l’élaboration d’une pop pointilleuse et majestueusement orchestrée, qui parvient à intégrer, à ses mélodies et ses textes jamais faciles, cuivres, chœurs et lyrismes vocaux en parvenant à ne jamais sonner cheep. Instants sublimes (« It’s a Catalogue », « It’s Love », « I’m Painting Money ») et petites tubes pop pour âmes sensibles (« Eulogy », « 33 »), on chante ici l’amour avec une intelligence évidente. Et peut importe si l’on est au final pas plus avancé sur la définition du terme (« love it’s a mess », conclut-il…)

Get Well Soon (Site officiel / Facebook / Twitter / Instagram)

Get Well Soon, Love, 2016, Caroline International, 51 min., pochette d’après l’œuvre originale de Friedrich Gauermann