Freak It Out x Vincent Belbari — Re : [activate]


Projection : les robots voudraient-ils bel et bien, comme dans certaines nouvelles d’Azimov et nombre d’autres contemporains, devenir semblables aux humains ? L’homme aurait imité Dieu, son créateur qui l’aurait conçu à son image. Le robot, dès lors, voudrait forcément imiter l’homme, qui l’a créé à son tour. C’est le fantasme anthropocentré récurrent qui circule dans la plupart des tentatives de science-fiction qui réinterprètent en boucle, et à leur manière, le mythe de Prométhée — le titan qui avait volé le feu de l’Olympe pour le remettre aux hommes, venant ainsi faire de l’ombre aux Dieux et à la puissance céleste de Zeus.

Robot Rock

Le robot mis en scène par le groupe Rennais Freak It Out (rock façon Who, Doors, Red Hot, Beastie Boys) n’excepte pas à la règle. À l’étroit dans sa carrure de robot qui ressemble à un robot — tendance humanoïde, pas machine à café — aux réflexes régis par les trois lois de la robotique (Azimov, encore), ce dernier souhaite, à son tour, se confronter au plus proche des humains et à son tour, d’une certaine manière, « s’humaniser ». Tout un programme. Tout un défi.

Comme une invitation au rêve

Freak It Out

Cette histoire de robot à la recherche d’une identité nouvelle est devenue le fil d’Ariane de Re : [activate], premier album du groupe, l’histoire « d’un robot cherchant à s’humaniser par le biais d’une reconstitution de son programme de libre arbitre. Pour cela, notre robot explore ses disques durs où sont stockés ses souvenirs, ceux-ci lui permettant de mieux comprendre l’espèce humaine. », précise Freak It Out, pour qui le rebond entre l’image et le son, sur cet album, a été une attention de tous les instants. Le robot raconté au sein du disque, et que l’on entend régulièrement prendre la parole, se devait donc d’apparaître sur la pochette. Freak It Out :

« Comme une invitation au rêve, notre volonté s’est dirigée vers un imaginaire de science-fiction qui nous était connu, celui du célèbre auteur et illustrateur de BD Jean Giraud, plus connu sous le pseudonyme de Mœbius. Après avoir ciblé cette esthétique, nous avons donc effectué des recherches pour trouver un artiste qui se trouverait en phase avec notre projet. C’est de cette manière que nous sommes tombés sur le travail de Vincent Belbari. Il ne nous restait plus qu’à nourrir le projet pour l’accomplir. »

Vincent Belbari est à Paris, et le groupe à Rennes ? Peu importe, en 2022, les échanges, les allers-retours entre les musiciens et l’illustrateur, se font par Zoom, par mail, par WhatsApp. Une première proposition. Puis une deuxième. Rapidement, on se met d’accord.

« Cette pochette se devait matérialiser l’épopée de notre robot. De ce fait, chaque partie de celle-ci se veut une représentation des espaces explorés lors des différents titres de l’album. On retrouve donc la jungle avec le titre Robot (le robot se réveille dans une jungle et prend conscience de lui-même), la ville avec My Style (ce titre est un ego trip, notre robot observe les humains dans les déboires égocentrés), une sorte de zone rocheuse volante et déserte avec Dream On (seul dans les nuages notre robot s’abandonne au rêve, du moins essaye d’en découvrir la sensation), une plage avec Colors Bay (c’est dans le bruit des vagues que notre robot prend une fois de plus conscience de sa différence avec les êtres humains ; pour y palier, il tentera une nouvelle expérience : celle du surf). »

Il résulte de ce travail une pochette « monde » dans laquelle il est aisé de s’égarer, comme dans ces tableaux japonais du XIXe siècle, pétris de détails qui ne se remarquent pas immédiatement et qu’il faut prendre le temps, puisqu’on ne les voit pas tout de suite, de regarder. Dans cette pochette-là, et aux côtés de nouvelles formes potentielles d’humanité, nous vous souhaitons ainsi bon voyage.

Freak It Out (Facebook / Instagram / YouTube / Bandcamp)

Freak It Out, Re : [activate], 2022, Foudrage, 51 min., artwork de Vincent Belbari.