Foals x Maggie Steber – Everything Not Saved Will Be Lost : Part 1


C’est un titre prophétique qui baptise ici le cinquième album de Foals, Everything Not Saved Will Be Lost: Part 1. Après plus de trois ans d’absence, les Anglais reviennent avec une première partie donc, plutôt attendue et une iconographie en rupture avec l’élément aqueux qui animait les précédents artworks.

C’est le 1er mars que le groupe révèle sur sa chaîne YouTube le jardin luxuriant qui habille, ou presque, ses nouvelles sonorités. Une forêt arborescente qui a pris le pouvoir végétal devant cette demeure abandonnée imaginée par la photographe Maggie Steber (qui avait reçu le prix de la Fondation Guggenheim Fellow en 2017) pour un travail empreint de similarité. L’artiste américaine et photo-reporter a passé 25 ans en Haïti, à photographier l’île, mais c’est le regard tout particulier et l’attention qu’elle porte à la saturation des couleurs qui met sans mesure aucune la végétation et donc la nature maîtresse de tout, à l’honneur.

Ses travaux nommés Les Jardins Secrets de Lily LaPalma s’éprouvent aussi sur cette pochette d’album en luxuriante végétation qui met en exergue des palmiers, des cerisiers et cela peu importe la disposition, s’est voulue marqué par le rose, le magenta pour les puristes, qui éclipsent à travers leur floraison exponentielle la bâtisse, masquent avec subtilité, gardent le secret, à la valeur de temple.

L’élément, la couleur

Contrairement à What When Down, où la critique contreversait sur le renouveau du groupe, c’est l’impression d’un réel retour que l’on voit apparaître ici, et avec lui, celui  à la naturalité. Le choix d’éléments végétaux répond aux précédents premiers albums qui avaient l’eau pour leitmotiv.

Yannis Philippakis le précise presque en dévoilant à demi la pochette de la Part II (dont la sortie est prévue pour l’automne prochain), où sur l’hôtel mortuaire, en pierre tombale dans un cimetière, habillée d’une nature au cynisme bucolique, c’est la raison d’une verdure que rien ne semble pouvoir arrêter dans sa progression à prendre le pas sur la trace qu’à laisser l’expérience humaine. Le ton voulu du orange est un parti prix tout comme le rose, la saturation revient à nouveau et c’est le point de confluence qui semble lier l’iconographie de ce dernier album aux deux premiers, la signature d’une couleur unique.

Simulation auteur anonyme, Reedit

Le son

Les Anglais signent à contrario de l’attention donnée à leur engagement visuel singulier, un album en demi-teinte surtout pour le premier single entraînant mais décevant « Exits ». Mais et heureusement, les notes de l’iconique « Spanish Sahara » semblent réapparaître dans le titre « Moonlight », soit 2 minutes 39 de poésie en revenant à ses fondamentaux puisque « I walked to the desert » signe l’incipit de cette partition. Une attention toute particulière pour le morceau peut-être le plus réussit de l’album, en tout cas le plus emprunt d’intensité, « Sunday », voulu en deux parties où le groupe a su redonner toute la force à la signature de son rock « Over it now » en donnant la même intention dans les paroles, avec cette traversée désertique dont la mélodie finale ponctue l’ode d’un cri « Clear my head ! » et nous remet en amour. Enfin et si ce n’était déjà fait précédemment, « I’m Done With The World » résonne dans cet album comme un son de Tears For Fears et nous replonge un peu en 89.

Foals, Everything Not Saved Will Be Lost : Part 1, 2019, Warner Bros. Music artwork par Maggie Steber.

Foals (Site officiel / Facebook / Twitter / YouTube / Instagram)

Maggie Steber (Site officiel / Facebook)