Dakota Suite & Quentin Sirjacq x Johanna Hooson —The Indestructibility Of The Already Felled


Ensemble, Chris Hooson (aka Dakota Suite, grand nom du mouvement slow core) et Quentin Sirjacq (compositeur et pianiste français), liés par une amitié profonde et absolue (« parce que c’était lui, parce que c’était moi », comme l’écrivait Montaigne à propos de La Boétie ?) ont entrepris une tournée au Japon qui a occasionné, pour le duo, une exploration plus profonde d’un pays qu’ils adorent tous les deux et dans lequel ils assurent trouver la voix d’une sérénité et d’une créativité hors pairs.

L’idée était de créer de la musique sur le moment, et à partir du cœur même de qui nous sommes

Chris Hooson

« Quentin et moi avons eu trois jours d’enregistrement dans la magnifique salle Okurayama à Yokohama », écrit Chris Hooson. « Nous avons entrepris notre voyage avec quelques petites idées de ce que nous allions créer : l’idée était de créer de la musique sur le moment, et à partir du cœur même de qui nous sommes. C’était intimidant, mais je compte ces jours avec Quentin parmi les meilleurs moments de ma vie, des jours où nous nous sommes fondus dans le brouillard de ces chansons, les arrachant à la brise. Aucune des choses que vous entendez sur ce disque n’existait auparavant avant, et les sentir venir à nous était absolument magique ».

Le vide dans lequel on voit le tout, et le chaos dans lequel on voit l’espoir. Le titre de ce disque — The Indestructibility Of The Already Felled —, qui peut se traduire par « L’indestructibilité du déjà abattu », résonne parfaitement avec cette photo qui n’a pas été prise au Japon mais ailleurs et qui suggère l’idée qu’à la base de chaque grande idée, il y a un grand rien et la sensation d’un paysage qui pourrait paraître au moins aussi désolé que cet arbre à qui l’on a retiré une partie de sa carcasse.

« Il y a plusieurs façons dont le Japon aborde la pensée, l’art et cette vie éphémère qui nous parle particulièrement et que nous voulions explorer (…) Des concepts comme Kogarashi et Kyoshu ne sont pas correctement compris ou recherchés par la plupart des gens en Occident et la façon dont les Japonais s’arrêtent et apprécient les petits mouvements naturels, l’écoulement du temps, est très importante pour Quentin et moi. Nous avons essayé d’honorer ces choses dans cet album. »

Cette photo, elle est signée par la femme de Chris, Johanna Hooson, et rejoint la très belle collection, en noir et blanc et toutes emplies d’une poésie légère, que forment entre elles toutes les pochettes de Johanna pour Chris, puisque le couple travaille main dans la main depuis près de vingt-cinq ans et la parution de l’EP Mood Indigo de Dakota Suite en 1996. « Johanna a de nouveau pris toutes les images de ce disque et sans elle, je crois que la musique ne serait pas tout à fait complète. Elle en fait autant partie que moi », dit Chris à son sujet.

Une collection dans laquelle il est ainsi possible de se plonger, l’esprit au vent et l’âme en balade, comme l’on se plonge dans cette musique viscérale et porteuse d’une idée fondamentale : celle de suggérer la beauté la plus pure, celle qui se cache et se dévoile parfois, au fin fond des esprits les plus sensibles qu’il soit.

Le son

Guitare acoustique, vibraphone, synthétiseurs, éléments percussifs et un piano minimal marié avec la voix susurrante de Chris Hooson : les différents éliments de ce nouvel album affilié au projet Dakota Suite (quasiment un disque par an depuis plus de vingt ans) regardent le Japon sous l’angle de sa beauté la plus pure, et en ressortent un nouveau très grand disque qui propose un voyage dans la nuance des sens et des silences que l’on brise. « Nous avons tous mis dans ce disque. Ce n’est pas quelque chose que l’on écoute dans le train ou dans les centres commerciaux. C’est une musique avec laquelle on peut prendre le temps de réfléchir un peu ».

Dakota Suite (Site officiel / Facebook / Twitter / Soundcloud / Bandcamp)

Quentin Sirjacq (Site officiel / Facebook)

Dakota Suite & Quentin Sirjacq, The Indestructibility Of The Already Felled, 2020, Schole Records, artwork par Johanna Hooson