C Duncan – Health


Depuis la parution de son premier album, Architect, l’écossais Christopher Duncan (alias C Duncan) édifie non seulement le son pop, synthétique, intime et folk de sa musique, mais également l’image, colorée, minimale et picturale de ses artworks, association viscérale qu’il n’envisage, à aucun moment, de confier à un autre. Afin d’illustrer Health, un troisième album de nouveau paru chez Fat Cat Records et enregistré, pour la première fois, non pas dans son appartement de Glasgow, mais dans un studio de la banlieue de Manchester, le chanteur et multi-instrumentiste s’éloigne de sa cité originelle, et envisage une image qui se rapproche davantage des piscines de David Hockney (britannique lui aussi, même si c’est à Los Angeles qu’il fit fortune) que des murs en brique de Glasgow. « Je suis un grand fan de Hockney, et je suppose que cette admiration vient de filtrer à travers mon œuvre ! », nous dit-il ainsi.

Les visuels de tes deux premiers albums, Architect et The Midnight Sun, représentent la cité de Glasgow. Est-ce encore le cas pour la troisième, celui de Health ?

C Duncan : Health est beaucoup moins lié à Glashow et à l’ambiance générale de la ville. Je voulais créer quelque chose qui s’inspire d’autres lieux et ouvrir beaucoup plus mon son. Mes albums précédents étaient très liés à Glasgow parce que je les ai écrits et écrits là-bas, alors que Health a été enregistré ailleurs et que le contenu lyrique est beaucoup plus large.

C Duncan – Architect (2015)

As-tu tout de même, cette fois encore, enregistré et écrit l’album à Glasgow ?

C Duncan : J’ai enregistré toutes les démos à Glasgow, mais contrairement à mes précédents albums, je suis allé en studio pour enregistrer correctement cet enregistrement. Le studio est à Salford, près de Manchester, où j’ai travaillé avec le producteur Craig Potter (du groupe Elbow).

Je suis un grand fan de Hockney, et je suppose que cette admiration vient de filtrer à travers mon œuvre !

C Duncan

En découvrant ce nouvel artwork, j’ai immédiatement songé aux piscines de David Hockney, peintes à Los Angeles afin d’offrir une image contrastée de la cité des Anges. Rien à voir avec Salford ou Manchester donc, mais y a-t-il effectivement une référence à Hockney ?

C Duncan : Je suis un grand fan de Hockney, et je suppose que cette admiration vient de filtrer à travers mon œuvre ! Ce n’était pas une chose consciente quand je travaillais sur les peintures, mais il y a en effet une légère brise dans son art qui me parle vraiment et qui correspond au style musical de l’album.

David Hockney – A Bigger Splash (1967)

Quel sens doit-on trouver à cet artwork, et à son lien avec le titre de l’album, Health ?

C Duncan : Je souhaitais que l’œuvre ait une apparence « saine » : très légère, fraiche et naturelle. Pourtant, il y a un vide étrange dans ces peintures, ce qui est également audible dans la musique, qui est claire et aérienne en surface, et marqué par une noirceur plus nette en profondeur, niveau paroles.

Depuis le début de ton projet musical, tu crées les artworks de tes albums. Quel est ton processus créatif ?

C Duncan : Je commence habituellement par la musique et vois ensuite quelle est l’ambiance. Une fois que j’ai une meilleure idée de la qualité générale du son de l’album, je commence à peindre. Et puis je peins et écris de la musique en tandem.

Pour ce troisième album, as-tu hésité avec certaines autres peintures issues de tes propres créations ?

C Duncan : Il m’a fallu un certain temps pour choisir un style d’illustration pour cet album. Musicalement, c’est un album assez varié, ce qui m’a obligé à essayer différentes choses. J’ai peint des personnes, de la nourriture… jusqu’à ce que je finisse par choisir un thème beaucoup plus naturel pour l’esthétique.

J’ai toujours aimé contrôler les artworks de mes disques.

C Duncan

Avec Health, c’est la première fois que tu travailles avec d’autres personnes, et que tu ne fais pas tout sur un disque au sein d’un home-studio très intime. En suivant la même logique, as-tu hésité à proposer la réalisation de l’artwork de ce disque à quelqu’un d’autre ?

C Duncan : J’ai toujours aimé contrôler les artworks de mes disques. C’est une chose tellement importante pour moi que de représenter l’album et la musique de manière visuelle, et de les lier l’un et l’autre…  J’aime composer de la musique, mais j’aime aussi peindre ! Si je devais confier la responsabilité des pochettes d’albums à quelqu’un d’autre, je n’aurais pas la joie et l’excitation de suivre ce processus auquel je tiens beaucoup.

English version

Your first two albums represented the city of Glasgow. Is is the same thing for this third album ?

Health is much less about Glasgow and the general vibe of the city. I wanted to create something that was inspired by other places, and open my sound up a lot more. My previous albums were very connected to Glasgow because I wrote and recorded them there, whereas Health was recorded elsewhere and the lyrical content is much more broad.

Discovering this new artwork, I immediately thought about the swimming-pool of David Hockney, paint in Los Angeles. Was there a desire to refer to Hockney here ?

As a big fan of Hockney I guess it just kind of filtered through into the artwork. It wasn’t a conscious thing when I was working on the the paintings, but there’s an air of breeziness in a lot of his art that really speaks to me, and which suits the style of music on the album.

Was this album, like the two previous ones, made in Glasgow ?

I recorded all of the demos in Glasgow, but unlike my previous albums I went into a studio to properly record this record. The studio is in Salford next to Manchester, where I worked with producer Craig Potter (from the band Elbow). 

What is the exact meaning of this artwork, and the link with this the title of your album, Health ?

I wanted the artwork to have a ‘healthy’ look to it – it’s very light, breezy and natural. Yet there is a strange emptiness to the paintings. This is also represented in the music which is light and airy on the surface, with lyrically an often darker and more sombre undertone.

Since the beginning of the C Duncan project, you created the artworks of your albums. What is your creative process ?

I usually start with the music and then see what the mood is. Once I have a better feeling of how the overall sound of the album will be I start to paint. And then I paint and write music in tandem. 

For the third album, have you hesitated with other paintings that you had made ?

It took a some time for me to settle on a style of artwork for this album, as musically it is quite a varied album. I tried out various different things, from paintings of people to paintings of food… until I eventually settled on a much more natural theme for the aesthetic.

With Health, it’s the first time that you work with other people, and not alone in your own home-made studio. In the same logical, did you hesitate to propose the realization of your artwork to someone else ?

I always like to have control over the artwork. It is such an important thing for me to represent the album and the music in a visual way that ties the whole thing together. Also, I love painting! So if I were to hand over the responsibility of the album artwork to someone else I wouldn’t have the joy and excitement of going through the process.

Le son

Sur Health, l’écossais C Duncan a pris le parti de ne plus tout faire intégralement seul, et de se tourner vers les autres. « C’était le plus grand changement pour moi. Ayant toujours travaillé seul, c’était une perspective décourageante, mais je savais que je devais l’explorer. » À quelques kilomètres de son home-studio de Glasgow, c’est en banlieue de Manchester, à Salford, qu’a été enregistré un disque qui a également reçu le soutien de musiciens additionnels. Sous l’impulsion de Craig Potter d’Elbow, qui assure la production, Health devient ainsi un disque aux apparences claires mais aux tréfonds plus sombres, qui évoque sexualité et amour avec une anxiété palpable. Idyllique en surface mais pourvu de zones d’ombres, comme chez David Hockney (que le groupe Sparks avait récemment cités pour la pochette de Hippopotamus), dont les piscines représentaient, en apparence, l’idéal de vie californienne (l’oisiveté, la plénitude, la douce luxure), tout en suggérant aussi, avec les ombres qui se reflétaient dans le décor son côté infernal, vain et profondément dépressif ?

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C Duncan, Health, 2019, Fat Cat Records, 44 min.