Breton x Alastair Casey – War Room Stories (Deluxe édition)


Breton - Alastair Casey : War Room Stories Deluxe Edition

Afin de concevoir l’identité visuelle de son second album War Room Stories, successeur émérite du très remarqué Other People’s Problem, le collectif britannique Breton avait fait appel, au cours de l’année 2013, au photographe et vidéaste new yorkais Alastair Casey, qui avait alors mis à disposition du groupe au nom de pape surréaliste (ou de bolée de cidre), une série d’objets colorisés destinés à venir ornementer les pochettes des disques (LP, EP, singles) comme les supports de communication réalisés afin de promouvoir les tournées du groupe. Chaque morceau de l’album s’est ainsi trouvé représenté par un objet, initialement issu du quotidien et détourné afin d’y influer un sens nouveau. D’une certaine manière, cette reconstruction du réel fait référence à l’esthétisme pop-surréaliste qu’à l’ambition de développer le groupe depuis le début de son aventure en 2007.

Un réceptacle chargé

La pochette de l’édition deluxe de War Room Stories fait office de réceptacle de tous ces objets utilisés au cours des deux dernières années (tous sauf la pince qui illustre le single Envy, curieusement mise de côté). Si le résultat, étrangement pâle malgré la multiplicité des coloris que suggère l’image, n’est pas totalement à la hauteur de ce que suggérait l’idée de base, il a en tout cas le mérite de faire le point sur la multitude de ces visuels quasiment pop art liés à ce second album (on se croirait presque chez Jeff Koons), dont on note de toute évidence le décalage avec la cover photographique, qui, dans une démarche réaliste et populiste (dans le sens littéraire du terme), illustrait en 2012 Other People’s Problem.

On utilisait hier une cover représentant des HLM sans histoire afin de faire un écho à une électro pop urbanisée. On utilise aujourd’hui une cover représentant des objets pop art parce que le son, justement, s’avère largement plus pop que par le passé. Il y a là une logique respectée.

Breton - Other People's Problem

Inventaire d’hier

Sur cette pochette de l’édition augmentée de War Room Stories, ce sont ainsi les contours du papillon de l’édition première (de loin, on dirait presque une chauve-souris vampirique) qui se voient utilisés pour accueillir l’inventaire visuel du passé récent du collectif. Dans ce corps sans squelette mais plein de motifs épars, on retrouve ainsi :

– le papillon bleu utilisé pour la pochette de War Room Stories et pour les affiches de la tournée européenne

– le soldat vert façon Toy Story utilisé pour la pochette de l’EP Force Of Habit et pour les affiches de la tournée nord-américaine

– l’archange (ou le papillon ?) rouge utilisé pour la pochette de l’édition FNAC, et qui apparaît également sur le CD physique de War Room Stories

– la chèvre violette utilisée pour la tournée australienne

– le lapin rose métallique utilisé pour le single Got Well Soon ainsi que dans le livret de War Room Stories

– la pince de crabe grise utilisée pour la pochette du single Envy ainsi que dans le livret de War Room Stories

– la hache recouverte de peinture bleue utilisée pour la date au Casino de Paris et au Heaven de Londres

– l’ampoule verte utilisée pour la pochette du single S Four

– le crochet violet utilisé pour la pochette du single 15 Minutes ainsi que dans le livret de War Room Stories

– la statuette dorée utilisée pour le single Titan (l’un des morceaux exclusifs de cette édition deluxe)

Viennent s’ajouter à cette accumulation de motifs déjà aperçus une multitude d’autres qui apparaissent pour la première fois (un flingue, un teddy bear, une clé, un marteau, une hache, un cadenas…), intégrés à ce tableau récapitulatif comme s’ils avaient été créés dans le même temps que les autres sans avoir pu jamais trouver un prétexte pour se voir utilisés. Qui sait, si le groupe vient à engager une tournée prochaine en Asie du sud-est ou en Afrique subsaharienne, peut-être l’un de ces objets exclus trouvera-t-il alors l’occasion d’exposer sa belle singularité métallique et visuelle aux yeux du monde…

Le son

Moins ombrageux et affecté que le contagieux Other People’s Problem, War Room Stories manifeste l’évolution pop d’un groupe désormais conscient de sa faculté à intégrer au cœur des sentiers alambiqués (« Got Well Soon », « S4 ») des refrains prêt-à-scander (« Envy », « Search Party »), et emmène l’électro pop là où peu sont capables de demeurer : dans cet espace étroit où sont encore capables de cohabiter le (très) grand public et le (tout) petit snobinard pointu. Cette édition deluxe, pour sa part, navigue entre ajouts bienheureux (« Port Of Call », « Light Emitting Diode », « Sticker Factory ») et d’autres bien peu utiles (« Convention Centre », « A Close Personal Friend Of Mine », « Titan »).

Breton (Site officiel / Facebook / Twitter)

Alastair Casey (Site officiel / Vimeo)

Breton, War Room Stories (Deluxe édition), 2014, Believe Recordings, 84 min., pochette par Alastair Casey