Bobby Conn x Chris Nightengale — Recovery


Dans le rôle du rockeur glam, destroy, faussement détendu, qui apprécie autant les paillettes que les buvettes et autant l’idée de se brûler les ailes que celle de griller les feux rouges lorsque personne n’est là pour vous verbaliser, voici Bobby Conn, américain pas franchement né de la dernière pluie (né en 67 et auteur d’un premier disque dès 95) et dont le dernier album, avant celui-ci, datait de 2012 (Macaroni, disque illustré, sans surprise, par un macaroni sans sauce).

Plein phare

Pour la pochette de Recovery, disque doucement glam qui, puisqu’il n’est pas ring’, s’avère même carrément cool, Bobby pose donc sous l’objectif de Chris Nightengale dans la pose du mec qui assume l’idée que le rockeur ne se comporte pas tout à fait de la même manière que ses contemporains. En arrière-plan de cette photo il y a les murmures des bois, et la suggestion d’une ville qui les longe. La nuit est tombée et le seul élément qui nous permet de voir la silhouette de Bobby, ce sont les phares de cette voiture dont la plaque est immatriculée avec le nom du disque et contre laquelle est jonché le chanteur dans une posture qui dit, au choix, la lassitude, la mélancolie, l’ébriété, la folie douce, la très grande dépression, l’existentialisme qui assurait, par la voix de Camus, que la seule question philosophique qui vaille, c’est définitivement celle du suicide.

Si les phares sont allumés, c’est que le moteur tourne et que le pot d’échappement fonctionne : attention à l’intoxication, pour Bobby, de post shooting…

Les plus extravagants sont, émotionnellement parlant, les plus chaotiques ? Espérons pour Bobby Conn qu’ils soient aussi les plus prévoyants, et que quelqu’un, au cours de ce shooting que l’on devine épique, ait gardé un œil sur la route et sur les potentiels autres véhicules qui se seraient présentés ici à cette heure avancée de la nuit…

Bobby Conn © Chris Nightengale

Le son

Cochons les mots glam, art rock, indie, et saluons l’inventivité rétro de cet Américain qui livre ici un album un peu daté mais pas dépassé pour autant via un rock excessif, groovy et clairement exalté qui trouvera sa place dans les albums, tendance rock toujours, auquel il faudra songer lorsque l’on fera les comptes en toute fin d’année (c’est un usage que beaucoup pratiquent). À écouter en priorité ? Le morceau « Disaster » — ultra pop pour le coup — dont le clip mais en scène Bobby Conn himself confronté à un masque qui n’a rien à voir avec celui que chacun porte actuellement dès qu’il s’agit d’aller remplir le réfrigérateur. Visionnaire ? Rien à voir non.

Bobby Conn (Facebook / Bandcamp)

Bobby Conn, Recovery, 2020, Tapete Records, 47 min., artwork par Chris Nightengale