Bloum x Marie Frignet x Glen Loarer x Marine Saiah – Troubled City


Bloum x Marie Frignet Des Préaux x Glen Loarer x Marine Saiah – Troubled City

Le jeune collectif parisien Bloum confectionne une synthpop planante qui s’écoute, mais aussi, qui se regarde. C’est surtout le cas en live où des projections vidéos viennent accompagner de manière systématique les projections du son, et où, afin de marquer cette pareille importance du son et de l’image, musiciens et vidéastes sont placés, physiquement parlant, au même niveau. Il ne s’agit pas d’un veejaying traditionnel qui consisterait à positionner le faiseur du son sur scène, et le faiseur d’images en régie, mais, comme le collectif tient à le préciser, d’un véritable « live musical et visuel ».

« Chez Bloum, l’image est aussi importante que le son »

Marie Frignet et Glen Loarer, respectivement graphiste et plasticien, accompagnent ainsi les autres membres du groupe sur scène. Marie « joue » la vidéo, et Glen se charge de l’animation de ces néons lumineux qui font aussi partie des lives. Ce sont aussi eux, soutenus par le travail photographique de Marine Saiah (elle, photographe indépendante, ne fait pas officiellement partie du collectif mais collabore avec Bloum depuis le début), qui gèrent l’intégralité de l’identité visuelle de Bloum. On doit ainsi au trio les trois pochettes des trois premiers EP du collectif (Acte I, Faith, Troubled City), un travail à intégrer, puisque c’est définitivement la logique du propos, dans un processus de dialogue permanent entre l’intégralité des médiums liés au projet (musique, vidéo, live, pochettes).

On retrouve ainsi sur la pochette de Troubled City le même module lumineux à la géométrie bouleversée (construit par Glen et par Marie) qui apparaît dans le clip de « Bells », l’extrait clipé de l’EP (réalisé par la vidéaste Marion Pouliquen). Dans la vidéo, ce module aide le protagoniste principal du clip à hypnotiser et à capter l’attention fascinée des humains qui l’entourent. Une attraction inexpliquée, presque mystique, que vient aussi suggérer l’ambiance qui se dégage de la pochette de l’EP, espace-temps indéfini entre le monde concret du réel et celui, plus suggestif, du surnaturel.

Entre réel et surnaturel

L’œil se pose en effet d’abord sur la roche et les eaux au premier plan, qui, parce qu’elles sont éclairées par une luminosité inhabituelle, sans doute caverneuse, donnent le sentiment d’une réalité alternative. Peut-être se trouve-t-on dans un rêve profond, puisque c’est là que les paysages sont finalement les plus inattendus. Ou plutôt dans un sommeil paradoxal, puisque des éléments du réel viennent rapidement contredire ce qui semblait jusqu’alors parfaitement surnaturel. Marie, diplômée des Beaux-Arts en design graphique, explique cet écart : « Nos visuels partent de la volonté d’être abstraits, futuristes, mystérieux. Mais on laisse toujours un détail qui rappelle que, malgré les premières impressions, on est bien sur Terre. Sur Troubled City comme sur Faith, ce sont les arbres en arrière-plan qui le confirment. »

Cette juxtaposition réel/irréel présente dans les visuels est aussi une manière de pointer la juxtaposition organique/électronique présente dans la musique, puisque Bloum fait appel, en live comme en studio, aussi bien aux voix vocodées qu’au saxophone, aux beats préenregistrés qu’aux guitares, aux samples somatiques qu’aux guitares électriques. Marie, encore : « La musique de Bloum raconte une histoire un peu futuriste, un peu abstraite, qui propose un voyage dont on ne connaît pas exactement la destination. On essaye de retranscrire cette ambiance via les images que l’on projette en lives et également via nos pochettes. »

Si les deux derniers EP de Bloum font ainsi appel à une démarche voisine – l’environnement de Faith fait lui aussi appel à un paysage semi-réel, lunaire sûrement – le visuel du premier EP – Acte I – est lui un peu à part, puisqu’il coïncide avec les débuts d’un projet qui n’avait alors pas encore trouvé, d’un point de vue visuel ou sonore (le guitariste et le saxophoniste du groupe n’avaient par exemple pas encore été intégrés), sa véritable marque de fabrique. Et ces visuels, dialoguent-ils avec les autres visuels des pochettes d’Animal Records, comme celui, incertain, du premier EP de Kanzi (par Edward Myson), ou comme celui, impossible, du premier single de Stand Wise (par Diego Ribes et Raphël Bugeaud) ? : « On se connaît tous bien, bien sûr, mais chaque groupe a vraiment son identité visuelle propre. »

Ses pochettes de Bloum et de tous les autres groupes signés chez Animal Records, elles seront toutes justement présentées ce mardi 15 septembre (19h-minuit) sur la terrasse du Petit Bain à l’occasion de la première édition des Nuits Néoprisme, où l’exposition sera accompagnée des lives de David Mears (un proche du label), de Backbone et de Stand Wise.

Le son

Moins synthétique que Faith, Troubled City laisse davantage de place à l’expression de l’organique (le saxo endiablé sur « Bells », et la flûte maaloufienne sur « La Douce »), au sein d’un troisième EP qui confirme l’excellente impression laissée par son prédécesseur. À écouter en studio avec sérénité, et à voir en live avec davantage de gestes effrénés.

Bloum (Site officielFacebook / Twitter / SoundCloud / YouTube)

Marine Saiah (Site officiel)

Marie Frignet (Site officiel)

Glen Loarer (Site officiel)

Bloum, Troubled City, 2015, Animal Records, 19 min.