Arandel x Elodie Maynard x Sarah Saulnier de Praingy – Solarispellis


Arandel x Elodie Maynard x Sarah Saulnier de Praingy x Solarispellis

Depuis ses premiers murmures il y a une demi-douzaine d’années, on sait d’Arandel sa faculté à conserver l’anonymat autour de la véritable identité de ses membres exécutifs, obsédé par cette volonté louable et dogmatique d’occulter le créateur aux dépens de sa création.

La création, avant tout

Réussie jusqu’à aujourd’hui, et ce malgré la parution en 2010 d’un album remarqué et remarquable (In D) ayant engendré quelques curiosités légitimes, cette démarche d’anti-personnification intense se poursuit encore bien évidemment avec l’arrivée de Solarispellis, deuxième album du projet signé chez la courageuse maison InFiné, porté par une communication visuelle globale qui veille elle aussi à camoufler l’humain derrière un travail graphique / photographique cohérent.

Le projet musical d’Arandel, ainsi, est la fusion d’éléments électroniques conçus par les Humains, et celles d’éléments organiques, conçus par la Nature. Eux, nomment cela « organica ». C’est l’un des sens que l’on pourra notamment attribuer à ces éléments de communications jetés en marge de la sortie de l’album (on en a recensé quatre), qui mettent chaque fois en scène et avec un fond similaire (un gris discret) un humain dont le visage se trouve intégralement remplacé par une curieuse forme géologique, peut-être du calcaire considérablement altéré et gelé (le nombre de lichens présents ne facilitent pas la tâche du géologue apprenti…)

L’organique, après tout

Cette présence géologique clairement indéterminée et curieusement accolée à la place du visage (dont la démarche rappelle celle du DJ barcelonais John Talabot, qui remplace pour sa part parfois le trait de l’Homme par celui d’une épaisse couche d’aluminium), elle fera plus tard office de pochette à ce deuxième album sorti fin 2014, revendiquant de manière définitive la disparition de l’humain derrière l’élément naturel, en même temps qu’elle lie l’image au son, en évoquant directement, parce que les plaques de calcaire sont ici nombreuses, cette succession de couches synthétiques qu’implique l’ambiant coulante et persévérante présente sur les douze pistes de Solarispellis.

On notera ici le travail, remarquable, du trio créateur d’image Gabriel Desplanque (responsables de la photo) / Elodie Maynard / Sarah Saulnier de Praingy (en charge de la pochette), dont on est presque surpris de voir exposé l’identité au grand jour compte tenu des efforts qui sont faits pour brouiller les pistes autour des créateurs de sons.

Le son

Le second album d’Arandel, plus accessible que son prédécesseur In D (certaines mélodies apparaissent au milieu des franges electronica), présente 12 morceaux comme autant de quêtes sensibles vers un quelque part que l’on ne pourra définir avec des mots d’humains. Cela tombe bien : c’est avec une fusion toujours aussi passionnante de particules électroniques et organiques que l’on nous fait bourlinguer ici. Essentiel et enrichissant.

Arandel (Facebook / Twitter / SoundCloud)

Gabriel Desplanque (Site officiel)

Sarah Saulnier de Praingy (Site officiel)

Arandel, Solarispellis, 2014, InFiné, 45 min, photo par Gabriel Desplanque, pochette par Elodie Maynard & Sarah Saulnier de Praingy