À travers le prisme de : Venera 4


Venera 4 tient son nom d’une sonde spatiale soviétique lancée à la fin des années 60 afin de tester la possibilité d’une transmission de données lors d’une descente en parachute. C’est sans doute pour cela que le shoegaze tendre de ces quatre Français (deux garçons et deux filles) plane de manière si vivace, poursuivant sa course aérienne entre le suf-shoegaze des Raveonettes, la cold-wave romantique des Dum Dum Girls, et la pop francisée de La Féline. Parce que leur premier album Eidôlon vient tout juste de sortir, c’est à travers le prisme de Morgane, chanteuse et guitariste qui se charge également de la (très) riche identité visuelle du groupe, que l’on considère aujourd’hui la pochette d’album.

Venera 4 - Eidôlon

D’abord, qui es-tu ?

Je suis Morgane du groupe Venera 4.

LA pochette d’album mythique, pour toi, c’est laquelle ?

Love on the Beat de Gainsbourg, qui fait partie de ma mythologie.

La pochette d’album que tu trouves la plus belle ?

C’est douloureux de choisir. Amour des Feintes de Jane Birkin, pour sa fragilité. J’ai aussi toujours été émue par la pochette d’Alain Bashung, Fantaisie Militaire.

Et la plus laide ?

Il y en a tout un tas qui pourrait rentrer dans la catégorie « laide ». Le racolage madonnesque sur Rebel Hearts, ou le patchwork ignoble de l’un des chefs-d’oeuvre de l’humanité sur Art Pop de Lady Gaga, nous servent les mêmes poncifs dont on nous gave depuis 30 ans, et ça marche toujours ! Ouvrez la bouche, écartez les jambes !

Récemment, y en a t-il une qui t’a marqué ?

L’intrigante pochette du nouvel album de Marilyn Manson, The Pale Emperor. Singulier et profond, Manson y laisse toutes les questions en suspens.

L’artiste / le groupe le plus cohérent d’un point de vue visuel ?

Broadcast, pour la sincérité dont ce groupe a fait preuve dans l’ensemble de son ouvrage. Quand on pense au terme anglais cover, on peut le traduire plus poétiquement par ce qui recouvre, ce qui protège, ce qui laisse entrevoir. Ici, c’est un jeu de cache-cache aussi bien musical que visuel. Broadcast c’est une grande part de mystère.

Le dernier concert qui t’a marqué ?

Rien ne m’a vraiment transporté depuis l’apparition de Blind Digital Citizen à la Flèche d’or, il y a peut-être un an.

La dernière expo qui t’a marqué ?

Fatum, de Jérôme Zonder à la Maison Rouge, Paris. Une dissection de la représentation et du dessin qui se rapproche de ma propre pratique artistique.

Si tu devais associer un créateur de sons et un créateur d’images au service d’une pochette d’album, sur quelle association fantasmerais-tu ?

Si ça tient du fantasme… je ne peux rien vous dire.

Pourquoi va-t-on entendre parler de toi très prochainement ?

Nous avons sorti notre 1er album avec Venera 4, Eidôlon. J’espère avant tout qu’on entendra parler de celui-ci. Le moi, c’est anecdotique.

Venera 4 (BandCamp / Facebook / Twitter)

Venera 4, Eidôlon, 2015, Requiem Pour Un Twister, 44 min., pochette par Morgane